In the arms of the Angel [pv Gabrielle]

Des pas retentirent au coeur de la City. Gravissant les marches de l'édifice couronnant Ludgate Hill, Andréa Kadar s'approchait de la cathédrale d'un pas lent, mais décidé, ourdi par la colère et le dégoût... Dégoût envers les hommes, dégoût envers ce Dieu qui lui refuse la douceur du soleil. Ce Dieu qui l'a abandonnée au même titre que tous les hommes qu'elle ait jamais aimé. Cathédrale...

C'est bien là une stupidité humaine que de bâtir des édifices incroyables pour une chose qui n'existe pas, alors que les véritables dieux de l'humanité parcourent leurs rues toutes les nuits. Vêtue d'une large robe surmontée d'une cape de soie noire qui semblait flotter sur les marches dans son mouvement irréel, la jeune vampire atteignit bientôt le sommet de ce parvis de marbre, faisant ainsi face à l'entrée principale. Une fois les portes de bois passées, le malaise éprouvé (on a beau se sentir insensible aux crucifix, les églises puaient toujours de bonté qui montaient aux sens de la vampire), le spectacle qui s'offrit à elle lui aurait coupé le souffle... si elle en avait eu un.
La nef, longue d'environ 150 mètres, offrait un point de vue immanquable sur le baldaquin qui surplombait l'autel... et le prêtre qui y officiait...

Un fin sourire se dessina sur son visage. Il était tard, c'était certainement une communion "habituelle", et non pas pour la faible populace qui se clairsemait de ci de là... Visiblement, c'en était fini, car l'officiant se retourna bientôt vers la sacristie, alors que les fidèles allaient brûler un dernier cierge avant de quitter les lieux et reprendre leur misérable vie de chiens.. Des petits vieux, comme d'habitude... Rien qui ne puisse attiser l'appétit de la prédatrice... A part peut-être le prêtre lui même. Contrairement aux autres, celui là semblait à peine dépasser la trentaine, cela faisait de lui un candidat parfait pour Andréa, désireuse de rendre un pied de nez à l'inutilité du Divin en tuant l'un de ses enfants dans sa propre "demeure"...

"Pardonnez-moi mon Père..."

dit-elle en s'approchant de lui,

"... parce que j'ai pêché."

Il ne s'attendait pas à cette voix, si proche de lui... A cette force, penchant sa tête de côté... A ce souffle glacé sur sa nuque... Il ne s'attendait à rien de tout cela...
Elle, elle ne s'attendait pas à percevoir ce qu'elle ressentit... à entendre ce qu'elle entendit, ni à voir sa curiosité attisée suffisamment pour provoquer un détournement de la proie, fixant son regard clair sur la silhouette qui venait d'entrer dans la bâtisse, sans savoir ce qui se tramait dans ses coulisses..