Admin • { Samuel Valentine

Les mains d'Angela Valentine se crispèrent à nouveau. Dans un ultime effort, l'épouse de Vincent Valentine expulsa son fils hors de son utérus. Et, alors que le nouveau-né poussait son premier cri, sa mère, épuisée par des heures de luttes et une hémoragie interne, s'apprêtait à rendre son dernier souffle...
La sage-femme ne laissa le nourrisson que quelques instants sur la poitrine de sa génitrice, avant de l'emmener dans une autre salle pour d'assurer que l'enfant était en bonne santé et ne sortait pas affaiblit lui aussi par l'accouchement. Enfin... En apparence seulement. Car la vrai raison était toute autre, laisser les parents de ce petit ange se dire adieu. L'expression de la sage-femme se ferma derrière son masque. Elle regarda le petit garçon blottit dans une couverture contre elle. Innocent et déjà meurtri...

A l'intérieur de la salle d'accouchement, c'était au bord des larmes que Vincent serrait sa femme contre lui. Elle allait les quitter, il n'y avait plus d'espoir...

"Vincent... Vincent... J-je veux que Samuel..." Une quinte de toux la coupa dans son élan. Elle dut puiser dans ce qui lui restait de force pour parvenir à reprendre. "Il ne faut pas qu'il grandisse... En connaissant, l'histoire de ta famille... Laisse le vivre loin de tout ça... Promet le moi... Promet le Vincent..."

Les mots ne voulaient pas franchir les lèvres de Vincent Valentine. Le souffle court, il hocha de la tête pour acquiescer. La douleur qui lui étreignait la poitrine et la gorge lui semblait tout aussi réelle qu'une main glaciale lui écrasant les organes. Il chassa les larmes du revers de sa manche et mobilisa toutes ses forces pour articuler:

"Je... Je te le promet, Angy..." Il ne put en dire plus. La main d'Angela qu'il serrait de toutes ses forces, cette main qui s'accrochait à lui comme un ultime fil rattaché à la vie, se relâcha. Le corps tout entier de la malheureuse se détendit dans un dernier soupir. Pour Vincent, ce fut un barrage intérieur qui céda. Il s'écroula sur lui même en proie à un horrible sanglot. Il eut envie de crier sa douleur. Les larmes ruisselaient sur ses joues... Son monde s'effondrait... Tout ces pouvoirs qu'il possédait... et il n'avait rien pu faire. Accablé de chagrin, il enfouit son visage au creux de ses mains... La porte s'ouvrit.

"Mr Valentine?"

La sage-femme était de retour avec l'enfant assoupi entre ses bras. Vincent releva la tête et sécha ses larmes. Certes il venait de perdre celle qu'il aimait... Mais avant de partir elle lui avait fait son plus beau cadeau. Elle avait donné la vie à leur enfant... Comme si cela
avait matérialisé leur amour... Vincent eut un timide sourire pour son fils... Il ressemblait tellement à Angy...

Le bâton fusa à un cheveu du crâne de Samuel. A seize ans, le jeune homme
était déjà taillé comme un athlète, on père lui ayant imposé un entraînement matinal à divers art martiaux dès l'âge de 5 ans. C'était une chose que l'adolescent n'avait jamais compris. Cette obsession qu'éprouvait son père à faire de lui un combattant hors pair... A vrai dire, Samuel ne comprenait pas grand chose chez son père. Cet homme torturé, qui déménageait souvent, l'emmenant à travers le monde, le forçant à rompre ses amarres avec tout ses amis avec tant de précipitation... Si Vincent Valentine était un homme seul, son fils lui était un solitaire-né.

Une nouvelle attaque en fente verticale du sabre de bois de son père tira Samuel de ses rêveries... Un poil trop tard... Le choc lui fit perdre l'équilibre. Son crâne l'élançait et sa vision était brouillée. L'adolescent porta la main à son front, un contact humide et chaud lui fit comprendre qu'il saignait. Il secoua la tête et sa vue s'éclaircit. Il vit la mine désaprobatrice de son père.

"Mais enfin! Quand apprendra tu à te concentrer? Tu dois toujours surveiller tes arrières!"

Des réprimandes habituelles... Une rengaine. Une fois de trop... Le sang de Samuel entra en ébullition. Il avait toujours penser que sa mère était morte par la faute de cet homme. Sans prendre le temps de se remettre en position, il se rua sur son père. Il ne su qu'il l'avait percuté que lorsqu'il tomba en avant, entraînant avec lui son paternel. Lâchant son propre sabre de bois, le jeune homme, animé d'une rage insondable, abattit son poing sur le visage de son père. Une fois... puis une autre, encore une autre... Chaque coup en entraînant un autre... Il frappa au visage, au torse et à l'abdomen...

"Tu ne me toucheras plus!"

Pour le jeune homme, c'était incompréhensible qu'un père agisse ainsi avec son fils unique...

Vincent lui s'était contenté d'encaisser la rage de son fils... Pour lui c'était un châtiment mérité, il n'avait pas tenu sa promesse. Il avait entrainé Samuel tout comme son propre prèe l'avait fait avec lui... C'était la tradition... L'héritage des Valentine... Bien sûr Samuel ignorait tout de cet héritage et c'était sûrement ce qui engendrait cet état de rage chez lui. Aussi, Vincent accepta t-il les coups de son fils, comme une punition pour son obstination. Mais, tôt ou tard, le destin rattraperai Samuel, mieux vallait qu'il soit un minimum préparé, même si les détails lui échapperait.

Un coup au thorax chassa l'air de la poitrine du vieil homme. Le plexus le brûla. Sam avait frappé fort. Il fallait mettre un terme à tout ceci. Mais le coup au plexus avait privé Vincent de ses forces. Pour la première fois en quinze ans, il usa de ses pouvoirs... Samuel fut projeté à plusieurs métres de là.

L'adolescent fut à nouveau sonné, il ne comprenait pas comment il avait pu être soulevé de la sorte. Sa rage s'évanouit, il releva les yeux vers son père qui se relevait avec peine. Celui-ci se tenait les côtes comme si sa poitrine le faisait atrocement souffrir.

"P'pa? Ca va? Pardon, je voulais pas..."

"Ca va Sam..."

La session d'entraînement s'était terminée ainsi, et Samuel se rendit au lycée pour suivre ses cours comme d'habitude. Il faisait preuve d'une soif de savoir insatiable, ce qui faisait de lui le meilleur élève de sa classe. Pourtant ce jour là, Samuel ne put se concentrer, tenaillé
par un étrange pressentiment. Un peu plus tard, un surveillant vint interrompre un cours, demandant à l'adolescent de le suivre. Le silence du surveillant pendant le chemin qui menait à son bureau. Après une attente interminable, le proviseur arriva dans l'étroite pièce. La mine grave qu'il affichait donna une bouffée d'angoisse.

"Samuel... Ton... Ton père à eu un accident. LA police vient de nous appeler. Ils l'ont retrouvé vidé de son sang dans les égouts de la ville. Son sternum était en miettes et sa gorge ouverte comme si il avait été mordu..."

Le proviseur avait débité ces mots d'un traits, comme pour ne pas laisser le temps au jeune homme de comprendre leur sens.

Malheureusement, Samuel avait bien comprit ce qu'on lui avait dit. SOn pèré était mort... Il se retrouvait seul, orphelin... Et le pire c'est que c'était peut etre de sa faute... Les pensées se chamboulaient dans son esprit.
La dernière fois qu'il avait vu son père vivant, c'était à peine quelques heures auparavant et il s'étaient battu... Samuel revoyait la scène derrière ses yeux embués de larmes. Il avait frappé à maintes reprises et de toutes ses forces. Il se souvint d'avoir cogner sur le sternum de son père et du craquement qui s'était fait entendre à cet instant... Mais si ce coup avait pu blesser sérieusement son père, cela n'expliquait pas pourquoi il se trouvait dans les égouts. A ce qu'il savait, Vincent Valentine avait toujours été un modeste employé de
banque, certes souvent muté d'une succursalle à l'autre mais rien en rapport avec les égouts...

Dans les heures qui suivirent, Samuel fut conduit au poste de Police de Sydney. Il eu la lourde et insupportable tache d'identifier la dépouille de son père. On lui posa maintes et maintes questions sur les activités de son géniteur et sur le fait que celui ci semblait bardé d'armes au moment de sa mort. Mais le pauvre garçon ne savait quoi répondre, il semblait totalement hagard, comme déconnecté de la réalité... On lui rendit les effets personnel de
son père, à l'exception de ses armes et au milieu des affaires que Sam reconnaissait sans peine comme appartenant à Vincent, il fut troublé par un morceau de velour rouge sang. Un agent de police lui expliqua que ce bout de tissus déchiré était dans la main du père de Samuel au moment de la découverte du corps, et que sans nul doute il devait appartenir à l'assassin.

Le temps passa, lentement comme alourdit par une chape de plombs et Sam resta seul dans une salle, le regard fixé sur le vide, sur le néant que lui semblait être son existance... Il n'avait jamais connu sa mère, morte en le mettant au monde, et désormais, il avait perdu la seule personne qui avait jamais été là pour lui... Le jeune homme craqua. Sortant de son état vaseux, il ne put retenir une seul seconde de plus ses larmes et éclata en sanglot... De sa gorge s'échappait une série de son inhumain trahissant la douleur qui le submergeait. C'était à cet instant que la porte de cette petite salle, seul univers qu'il restait à Samuel, s'ouvrit. Une femme rondouillette, un pseudo sourire compatissant accroché au lèvres
venait de pénétrer dans la pièce...

"Bonjour Samuel... Je m'appelle Alice Steiner, c'est moi qui vait me charger de te trouver une nouvelle famille..." dit elle sur un ton presque odieusement joyeux.

Sa nuque lui faisait mal... Voilà une semaine qu'il était arrivé à Londres. Apres un entretient d'embauche qui tenait plus d'un épisode d'X files que d'autre chose, au pres de ce Professeur Hirsch, Doyen de l'Université, Samuel avait enchainé les heures de cours et les réunions avec les autres professeurs. Il n'avait pas eu le temps de souffler un seul instant, aussi lorsque Big Ben sonna 19h, le jeune professeur s'accorda t-il de poser les pieds sur son bureau en sirotant un soda.

Il avait encore du mal à croire qu'il se trouvait à Londres au poste de professeur de Mythes et Légendes alors que quelques semaines plus tot, il fêtait la reussite de ses exams avec ses amis surfeurs sur une plage privée pres de Sydney... La vie était pleine de surprises...

Le jeune homme bailla aux corneilles. Il avait encore toutes les peines du mondes à s'adapter au fuseau horaire Londonien. Sans parler de l'épreuve que cela représentait pour lui de donner un cours devant un amphithéatre plein à craquer. A en croire, Hirsch, l'amphi n'avait pas été aussi plein depuis des lustres, le vieil homme acariatre avait placé un commentaire selon le quel, la population féminine de l'Université s'était soudain découvert une passion pour des contes parlant de suceurs de sang et autres chimères depuis l'arrivée de Samuel. Cette remarque avait fait rire pas mal de ses confrères professeurs, mais le jeune homme lui avait senti ses joues s'empourprer. Beaucoup de gens semblait ne pas apprécier à juste titre le doyen de l'université, mais Sam avait beau être désarçonné par le
vieil homme, il avait vu clair dans son jeu et ne l'en appréciait que d'avantage.

En une semaine, il avait fait pas mal de conaissance, à commencer par la jeune Lily Blake, une de ses étudiante les plus brillante et aussi une fouinneuse invétérée d'apres ce qu'il avait pu comprendre. A peine était il arrivé sur le campus que le journal de celui ci, tenue bien entendu par la jeune femme, titrait :"L'université s'offre un surfeur comme professeur de Mythe et Légende" S'en suivait une dizaine de paragraphes parlant plus des atouts
physiques du nouvel arrivant que de son bagage universitaire.

Il y avait aussi cette Gabrielle... Une jeune femme énigmatique, qu'il avait rencontré dans ce club, le Deep Purple... Pour une raison qui lui échappait encore, elle semblait s'interesser à lui...

Toutes ses nouveautés le submergeait, si bien que pour la première fois depuis qu'il était en terre Londonienne, Samuel éprouva un certain mal du pays. Mais ce sentiment, disparut aussitôt, l'Australie, lui rappelait trop son passé et ses parents. Tout autant de raisons de tout oublier et de redémarrer une nouvelle vie...

Se relevant à grande peine, le jeune homme se penchant sur la pile de devoir à corriger qui lui faisait face. il inspira profondément et se lança à corps perdu dans son travail. Il devait finir vite, sinon Hirsh ne lui ferait pas de cadeau...